24 mars 2006

Au bar, citoyens !

On a beau dire, on a beau faire le café, le zinc, le troquet que dis-je la gargote, le rade a de tous temps eu un rôle social. Même si la télé omniprésente dans chaque foyer et la tabagie passive ont fait fuir les estaminets, les bars pourraient bien redevenir des lieux plein de sens et de liens. Après les cafés philo, les cafés politiques, voici venu le temps des écolo-cafés et autres cafés citoyens.

Il s’agit bien plus que de rebaptiser pour un soir un bar et le transformer en un lieu de conférences à la thématique dédiée ; c’est l’émergence d’un nouveau concept de "débit de boissons" éco-citoyen basé de façon pérenne sur un patchwork de bonnes pratiques (produits et boissons bio ou équitables, accès internet gratuit, espace non fumeur, gestion du lieu en bon acteur du Développement Durable) et surtout sur l'idée d’un lieu permanent d’information, d’animation, de débat mais aussi de fête. Les enfants ne sont pas oubliés et sont même les bienvenus …

Finie les "brèves de comptoir" à 2 €uros : on peut maintenant lever le coude tout en réfléchissant aux enjeux de la société comme au Café citoyen à Lille. Le label Ecolo-café pourrait lui aussi séduire quelques entrepreneurs en quête de valeurs et … de consom’acteurs.

L’homme (la femme aussi, c’est vrai) a soif de ces rencontres impromptues et informelles et le succès de la démocratie participative (conseils ou comités de quartiers) en est une autre expression.

Allez, DD, une dernière pour la route !

23 mars 2006

Bio et Quitable sont dans un bateau

Le commerce équitable est constitué de nombreux projets de par le monde qui sont autant de belles histoires de cette économie parallèle. Partons au Bénin où longtemps le coton y a été cultivé comme partout ailleurs malheureusement, c'est-à-dire avec force engrais et insecticides dont les conséquences sanitaires sont désastreuses pour les terres et ses cultivateurs (les cultures conventionnelles du coton utilisent 24% des pesticides vendus dans le monde pour 2,4% de la surface agricole mondiale!).

Aujourd’hui les 700 paysans du programme "Benin Organic Cotton", cultivent du coton Bio Equitable (cahier des chages privé audité par Ecocert) sous l'égide de l'Opebab (Organisation béninoise pour la promotion de l'agriculture biologique).

Une culture bio tout d’abord : un coton sans OGM bien sûr, il n’est pas utilisé de pesticides chimiques mais un répulsif naturel (une décoction de feuilles de "neem", un arbre local), pas d’irrigation mais la seule pluviométrie naturelle, pas d’exfoliant pour la récolte mais un travail manuel. Une fois la récolte effectuée en décembre les bœufs sont envoyés dans les champs et vont le nourrir de leur fumure. La culture des haricots prendra la suite dans la rotation des cultures. Les graines autrefois achetées chaquen année sont ici "recyclées" et replantées la saison d’après en avril. Bien sûr, les rendements (500 kg/ha) sont nettement inférieurs à ceux de pays comme l’Egypte qui pratiquent la culture intensive et "chimique" (2 500 kg / ha) mais ceci permet déjà néanmoins à ces coton-culteurs d’en vivre.

Ce commerce est équitable car la production est achetée à un prix, déconnecté de la fluctuation des cours, permettant aux paysans de vivre de leur travail ; dernièrement cela représentait 20 % de plus que le prix du coton traditionnel, sans compter les économies réalisées par le fait de ne plus acheter ni graines ni pesticides. La récolte est de plus achetée 1 an à l’avance, ce qui sécurise la trésorerie du cultivateur.

Bonne pratique équitable supplémentaire, une partie du coton est filé au Bénin (ndlr : trop souvent la transformation des produits bruts, qui crée la forte valeur ajoutée, est réalisée dans les pays importateurs du Nord). Dernière anecdote équitable : le salaire est versé pour moitié à l’homme et pour moitié à la femme du foyer, c’est le projet "Genre" …. Une révolution aussi paraît il …

14 mars 2006

L’ELU du peuple

Qui n’a pas ragé de voir un camion de livraison bloquer la circulation au son du sempiternel «Je bosse moi, monsieur ! » du livreur ?

Quadrature du cercle s’il en est, le TMV (entendez le Transport de Marchandises en Ville) est un enjeu majeur du développement durable ubain et doit concilier l’activité économique nécessaire à la vitalité d’une ville et les attentes des citoyens (décongestion de la circulation, réduction des pollutions atmosphériques et sonores).

Chronopost International semble avoir trouvé une solution en ouvrant à Paris depuis juillet 2005, dans un parking souterrain de la Place de la Concorde, un ELU (Espace de Livraison Urbain). Les colis et plis, après un tri au centre de Bercy, sont acheminés à l’ELU de la Concorde depuis lequel 10 véhicules électriques et 2 Chrono City (trolleys électriques) assurent collecte et livraison au départ et à destination du 8ème arrondissement.

Non seulement ce système répond aux impératifs de réduction de pollution et de congestion mais il apporte aussi une amélioration du confort et de la sécurité des chauffeurs tout comme des gains de temps et d’économies (d’énergies) pour l’entreprise.

Ce système, dont l’expérimentation a débuté fin 2002 à Strasbourg, essaime depuis dans de nombreuses villes de France et d’Europe.

Prochaine étape pleine de sens, l’utilisation de la Seine pou acheminer les colis notamment depuis le centre de Bercy jusqu’à l’ELU de son cœur ... de Paris à la Concorde : le "Paris Seine Express". A suivre …

13 mars 2006

Un Gaspi dans mon lit !

Le choc pétrolier de 1973 avait au moins eu un effet bénéfique : nous faire réaliser le caractère fini des ressources en énergies fossiles et nous rappeler que ce qui est rare est cher. Une prise de conscience nationale avait été obtenue grâce à de nombreuses opérations de communication et de pédagogie dont le célèbre «on n'a pas de pétrole, mais on a des idées !».

La chasse aux Gaspis fut ouverte, un temps …et puis après le choc, le chic est revenu : consommation, insouciance, et un matin du 21ème siècle on s’est réveillé surpris … avec un Gaspi dans son lit.

Depuis 30 ans on a eu des idées pour produire de l’énergie nucléaire plus que de besoin (puisqu’on en exporte) mais on n’a ni eu les idées pour en éliminer les déchets ni pour développer avec la même … énergie et les mêmes budgets des énergies renouvelable.

Aujourd’hui on a des idées pour rouler à l’huile de tournesol mais l’Etat et le lobby pétrolier a aussi des idées pour l’interdire.

Il va pourtant bien falloir faire feu de tous bois (la biomasse, une autre ENR !) à l’instar de la Suède, qui se lance dans un programme pour se passer de l'or noir d’ici 2020 sans construire de nouvelles centrales nucléaires.

En France, l’Association Négawatt, composée d’une centaine d’experts et praticiens de l’énergie, a défini un «scénario pour un avenir énergétique sobre, efficace et renouvelable». Sobriété et efficacité énergétique combinées aux énergies renouvelables permettent de répondre au double défi de limiter les rejets de CO2 et la consommation d’énergies.

12 mars 2006

Y a du DD dans Mickey 3D

Si une image vaut mille mots, les mots d’une chanson peuvent être une belle parabole. C’est le cas de «Respire», opus du groupe pop rock stéphanois Mickey 3D. Jugez sur pièce …



Approche-toi petit, écoute-moi gamin
Je vais te raconter l'histoire de l'être humain
Au début y avait rien au début c'était bien
La nature avançait y avait pas de chemin
Puis l'homme a débarqué avec ses gros souliers
Des coups d'pieds dans la gueule pour se faire respecter
Des routes à sens unique il s'est mis à tracer
Les flèches dans la plaine se sont multipliées
Et tous les éléments se sont vus maîtrisés
En 2 temps 3 mouvements l'histoire était pliée
C'est pas demain la veille qu'on fera marche arrière
On a même commencé à polluer le désert

Il faut que tu respires, et ça c'est rien de le dire
Tu vas pas mourir de rire, et c'est pas rien de le dire

D'ici quelques années on aura bouffé la feuille
Et tes petits-enfants ils n'auront plus qu'un oeil
En plein milieu du front ils te demanderont
Pourquoi toi t'en as 2 tu passeras pour un con
Ils te diront comment t'as pu laisser faire ça
T'auras beau te défendre leur expliquer tout bas
C'est pas ma faute à moi, c'est la faute aux anciens
Mais y aura plus personne pour te laver les mains
Tu leur raconteras l'époque où tu pouvais
Manger des fruits dans l'herbe allongé dans les prés
Y avait des animaux partout dans la forêt
Au début du printemps, les oiseaux revenaient

Il faut que tu respires, et ça c'est rien de le dire
Tu vas pas mourir de rire, et c'est pas rien de le dire
Il faut que tu respires, c'est demain que tout empire
Tu vas pas mourir de rire, et c'est pas rien de le dire

Le pire dans cette histoire c'est qu'on est des esclaves
Quelque part assassin, ici bien incapable
De regarder les arbres sans se sentir coupable
A moitié défroqués, 100 pour cent misérables
Alors voilà petit, l'histoire de l'être humain
C'est pas joli joli, et j'connais pas la fin
T'es pas né dans un chou mais plutôt dans un trou

Qu'on remplit tous les jours comme une fosse à purin

06 mars 2006

Economie SS !

On peut considérer qu’une entreprise peut avoir d’autres objectifs que de créer du dividende. Elle peut tout simplement avoir pour fondement de rendre un service ; le client devient ainsi un adhérent, un coopérateur, un sociétaire, …. Ceci n’interdit pas à cette entreprise de dégager des bénéfices qui sont souvent nécessaires et à la pérennisation et au développement de l’activité pour en améliorer le service rendu. Paradigme inversé : après « l’homme au service de l’économie », voici le temps de « l’économie au service de l’homme ».

C’est en quelque sorte la définition de la fameuse ESS (Economie Solidaire et Sociale). Les structures de cette économie parallèle, marchande ou non, (mais néanmoins souvent complètement dans le marché) sont parfois des associations, des coopératives, des mutuelles, des fondations mais aussi des structures d’entreprises plus habituelles avec un but…moins conventionnel.

C’est dans ce 3ème secteur (après le privé et le public) que l’on trouvera par exemple le
commerce équitable , l’épargne solidaire , le micro-crédit (qui peut se pratiquer en France ou dans une dimension Nord-Sud) ou encore les SEL (Systèmes d’Echange Local : groupes de personnes qui pratiquent l’échange multilatéral de biens, de services, et de savoirs), mais aussi les mutuelles d’assurances et de santé comme celle de l’Assureur Militant - la Maïf , les coopératives de production comme celle du groupe de presse Alternatives Economiques , ou les banques mutualistes comme le Crédit Coopératif.

Bonne nouvelle : cette économie représente tout de même déjà aujourd’hui 10 % des salariés français !