25 octobre 2006

"Sans communication, il n’y a pas de développement durable"

Interview exclusive

Serge Orru, nouveau directeur du WWF depuis le mois de juillet, a accepté de répondre à quelques questions à l’aube de l’ouverture de la quinzième édition du Festival du Vent dont il est aussi le Président.

Communication et Développement Durable sont-ils antinomiques ?

«Sans communication, il n’y a pas de développement durable . Nous ONG, nous devons en permanence sensibiliser, convaincre, produire des arguments nouveaux, persuader, toujours démontrer et rendre désirables nos propos . Mais soyons vigilants, le développement durable ne peut être qu’un alibi marketing.»

Que répondez-vous à ceux qui disent que pour une ONG le partenariat avec les entreprises c’est vendre sa liberté de pensée ?

«Etre sans moyens c’est être dépendant des subsides publiques. Une ONG doit être puissante avec ses membres, les français doivent pouvoir soutenir les associations de leur choix. Les associations en France sont faibles en membres et en moyens : nous sommes 130 000 membres en France quand nous en avons 1 million aux Pays –Bas ! C’est cher et difficile de s’opposer à certains lobbys. Rendez-vous compte, l’équipe française de WWF est composée seulement de 85 personnes et notre budget c’est le petit budget d’une agence de publicité. Les entreprises c’est formidable car le changement est aussi là. Chaque geste compte. Il y a 800 millions de voitures dans le monde, vous imaginez ce que ça fait 1 litre d’économie par voiture ? Je crois à la force de la masse, à la force de l’exemple. Les chefs d’entreprise ne sont pas des criminels de guerre. Il y a les conscients et les inconscients, les endormis et les éveillés.»

Mais Serge Orru est aussi à n’en pas douter un poète : «la seule ENR (énergie renouvelable) c’est le rêve» ...

11 octobre 2006

DéDé sera candidat

Les politiques semblent découvrir l’importance du Développement Durable en cette veille d’élections nombreuses et variées.

Jusqu’alors la thématique leur semblait peu sexy ; en effet le «temps politique» avec ses ambitions de court-terme, durée de mandat oblige, était loin de rencontrer le «temps écologique» aux conséquences lointaines. Mais la réalité a rattrapé la fiction et la prise de conscience généralisée (sauf pour le mammouth Claude Allegre) du réchauffement climatique fait aujourd’hui du DD une «urgence» au même titre que les incidents en banlieue ... ce dont vont se délecter les médias et donc les politiques.

Les grandes formations politiques ont donc intégré le sujet et rivalisent de "think tanks" et tables rondes environnementales : états généraux aux PS , colloque à l’UDF, convention à l'UMP. Tous semblent relativement d’accord sur le diagnostic ("la maison brûle") mais c’est dans les propositions concrètes de résolution des enjeux que se ferra le clivage et que se verra le courage politique ou l’opportunisme cynique.

De plus l’age a ses raisons. La génération de notre classe dirigeante (en politique comme en affaires) est issue du siècle des certitudes, de la 4ème république et du progrès salvateur, alors imaginer un changement de paradigme tel que celui du DD, pour certains ce n’est plus de la réforme ou même de la rupture, c’est la chienlit !

Citoyens et société civile vont devoir aiguillonner nos politiques pour prendre réellement ce problème à bras le corps. On peut par exemple compter sur L’Alliance, regroupement de plus de 70 associations et ONG, dont l’une des missions est de sensibiliser les candidats à l'élection présidentielle à intégrer la question environnementale dans leurs programmes, tout comme on a déjà vu cet été l’ultimatum des «Vacances de Mr Hulot» produire quelques effets.

A voté.

02 octobre 2006

C’est qui qu’a pété ?

"Le pet c’est la santé du corps, quand tu pétes plus c’est qu’t’es mort" ; je ne sais plus de qui est cette maxime mais si c’est la santé du corps, ce n’est pas obligatoirement celle de la planète.

Le méthane, car c’est bien de cela que sont constituées nos flatulences, est l’un des fameux GES (gaz à effet de serre) qui contribuent au réchauffement climatique. Doit-on pour autant arrêter de manger du cassoulet ? Non, car l’homme n’est personnellement qu'un faible producteur de CH4. Produit de façon naturelle dans la nature, ce gaz est par contre aussi créé par l’activité de l’homme : brûlis, fuites de gaz des installations pétrolières, culture du riz et surtout élevage des ruminants qui rotent plus que ne pétent : pensez-donc, une vache émet jusqu’à 117 Kg de méthane par an !

Une solution radicale pourrait consister à ne plus élever ni manger de ruminant, à l’exclusion du kangourou, animal très bien élevé s’il en est, puisqu’il rumine mais n’éructe pas. Plus sérieusement, la Recherche se penche sur des solutions pour réduire la fermentation dans la panse de ces animaux : vaccin, modification de leur alimentation.

Mais la méthanisation est aussi l’une des Energies Renouvelables d’avenir (dans la catégorie « Biomasse ») pour peu qu’on arrive à récupérer le gaz généré par la décomposition et la fermentation de déchets organiques. La France compte encore peu d'installations de méthanisation (2 pour des centaines au Danemark ...), qui non seulement produisent de l’énergie mais sont aussi une alternative intéressante à l’incinération des déchets qui rejette encore dans l’atmosphère dioxine, mercure et autres métaux lourds, ... et ce malgré la nouvelle législation plus contraignante. Parmi les expériences originales on citera celles des prisons Rwandaises dont la moitié sont auto-suffisantes en énergie en "méthanisant" les selles de ses détenus !