30 mars 2007

Mon Almanach Vert-Mots 2006/2007

L’année dernière, à l’aube de l’ouverture de la Semaine du Développement Durable (dont l’édition 2007 se tient du 1er au 7 avril), je tenais ici l’inventaire à la Prévert de ce que j’avais matériellement changé dans ma vie de tous les jours dans l’année écoulée et je m’étais engagé à faire, une année plus tard, un bilan de mes nouvelles avancées ; bilan que voici, que voilà.

JJ se fait beau : après le chanvre en 2006, le denim en 2007 ; j’ai ainsi fait l’achat d’un jean en coton bio de chez Idéo, il fait néanmoins un peu mal au derrière … ben oui 135 € le jean ça fait un peu mal au postérieur ! Toujours chez Idéo et en coton bio j’ai complété ma collection de T-shirts en déclarant maintenant être un OGN (Organisme Génétiquement Naturel). Je suis très content de mes chaussettes «de marche» Olympia / WWF en coton bio tout comme j’aime beaucoup mes chaussettes en fils recyclés de chez Muji … bien qu’elles aient quand même plus qu’un poil rétrécies au lavage …

JJ sent bon : j’ai découvert et adopté les bienfaits du savon d’Alep, du dentifrice à l’argile, du déodorant sans paraben et de la brosse à dents dont la tête se remplace ! J’ai définitivement abandonné les rasoirs jetables pour reprendre mon ancien rasoir mécanique à recharges.

JJ se régale : après l’expérience des Paniers du Val de Loire je teste depuis plusieurs mois les Paniers Bio du Campanier , plus variés mais dont l’origine parfois lointaine des produits me désespère un peu car je perds en CO2 (transport) ce que j’évite en produits chimiques … Petit à petit je teste et intègre de plus en plus de nouveaux produits bio et/ou équitables comme le miel, les céréales, le sucre, les pâtes, la confiture ou le vin. Ces essais déclenchent parfois des clivages dans la famille : les garçons aiment l’équivalent bio du Nutella quand les filles ne jurent que par la marque originale !!! De même j'ai goûté le quinoa mais je n'arrive pas à l'apprécier (ou à le cuisiner correctement ?).

JJ lave plus blanc : notre placard de produits d’entretien est maintenant devenu à 90 % vert ; lessive, adoucissant, poudre lave vaisselle, produits pour le sol, les wc, les vitres … Enfin, ne dites pas à ma femme que j’ai acheté en cachette 1kg de noix de Sapoline, je tente en effet de faire des lessives en catimini pour lui (me) démontrer que cela lave aussi bien que la lessive traditionelle fut-elle écologique.

JJ est énerg(ét)ique : ce ne fut pas facile de trouver à nouveau à substituer quelques lampes basses conso à des ampoules à incandescence … notamment dans les cas des lampes à tout petits culots et des mini abat-jours mais bon an, mal an, j’ai quand même réussi progressivement à supprimer encore 1 halogène et 4 ampoules conventionelles (chambre, bureau, cuisine, cagibi et salon). Pour cuisiner j’ai acheté 2 couvercles pour mettre sur les casseroles.

JJ donne … : j’ai donné à l’Association Co-ordinateur notre ancien matériel informatique, deux fois mon sang à l’EFS et des vêtements au Secours Populaire Français ainsi qu’à Recyclaid.

JJ à la campagne : dans ma maison à la campagne j’ai acheté un poelle à bois pour réduire l'utilisation des radiateurs électriques. Je suis passé du tas de compost amateur au composteur «en dur» mis à disposition par la Communauté de Communes. J’attends avec impatience les Saintes Glaces pour planter les variétés anciennes de graines, comme la tomate rouge des Andes, achetées à l’association Kokopelli . Enfin, devant refaire la toiture et l’isolation de cette maison, j’ai intégré la laine de chanvre à mon cahier des charges (est-ce pour cela que j’ai reçu si peu de devis ?) …. et la sous-couche du plancher flottant devrait être en peuplier.

JJ fait son Co2ming out : vient maintenant l’heure de la confession et de la repentance. As-tu fauté JJ ? Oui, j’ai fauté, Grand Dédé. Dans un moment d’égarement, j’ai non seulement contribué largement au réchauffement climatique en m’envolant cet hiver vers le grand bleu des Caraïbes mais j’ai aussi choisi une formule «Club» aux antipodes du tourisme solidaire et responsable que j’appelle de mes voeux … ;-)

JJ et ses objectifs : dans mes objectifs 2006 je m’étais proposé de ne plus prendre l’ascenceur car j’habite au 2ème étage, j’ai pris cette bonne habitude … sauf quand je suis chargé. Pour le chargeur de piles rechargeables que je voulais utiliser, j’avoue n’avoir rien fait ... Dans mes nouveaux objectifs, je me suis promis d'installer un interrupteur sur l’alimentation de mon lecteur DVD et VHS dont les veilles subsistent allumées en permanence et enfin surtout il faudrait que je prenne l’habitude d’utiliser mon vélo. Mon frein vient avant tout de la galère logistique pour sortir mon 2 roues du local où il est coincé mais peut-être que l’initiative parisienne de vélos en libre-service Velib me permettra-t-elle de passer à l’acte plus facilement.

A l’année prochaine pour un nouveau rapport de Développement Durable !

17 mars 2007

Il était une fois de la mauvaise foi ...

Le développement durable souffre de nombreuses idées reçues. Aussi je me réjouissais de la campagne "recyclons les préjugés" initiée depuis quelques semaines par Eco-Emballages. La saga avait bien commencée puisqu’on cassait par exemple l’idée reçue qu’il "faut laver les emballages avant de les trier", ce qui est inutile, ou qu’on double-cassait le préjugé que « trier ne sert à rien, tout finit dans les mêmes bennes ».

Mais j’ai sursauté à l’analyse du préjugé n° 5 "Les emballages envahissent nos poubelles" auquel Eco-Emballages répond "faux" en le justifiant par le fait que "ces emballages ne représentent que 20 % du poids total et que c’est beaucoup moins qu’il y a 10 ans". Je ne pense pas que ce type de déclaration soit ni très responsable ni très performante en terme de pédagogie. Tout d’abord, même si on constate une légère baisse ces deux dernières années, le tonnage des ordures ménagères a doublé entre 1960 et 2003 pour atteindre près de 400 kg par an et par habitant. Ensuite, on parle de poids alors que pour le consommateur c’est surtout le volume des emballages qui est significatif (qui fait ses courses sait qu’une fois déballées vous pouvez déjà descendre un sac entier de sur-emballages). Les emballages (bouteilles, cartons, boîtes de conserve, sacs...) représentent aujourd'hui en volume entre 1/3 (source Ademe) et 1/2 (source CNIID) du contenu de nos poubelles. Chaque ménage jette en moyenne 10 emballages par jour.
Même s’il est vrai que les industriels font des efforts pour faire baisser le poids unitaire de chaque emballage, il y a encore trop peu d’efforts réalisés dans la suppression radicale des sur-emballages (qui n’ont souvent de justification que leur fonction de support à la publicité sur le lieu de vente) ou même dans l’éco-re-conception des emballages et des produits (à l'instar de système de consigne ou de remplissage comme cela existe dans d’autres pays). Oui, il y a encore loin au "juste emballage" : un emballage qui se limite à protéger le produit et à donner des informations réglementaires.

Mais la réponse d’Eco-Emballages au préjugé 4 "les contribuables sont les seuls à payer" m’avait déjà interloqué en y répondant "faux" et en expliquant que les coûts étaient partagés par les entreprises, les collectivités et les citoyens. Ce qui ne me semble pas très "juste" car in fine… les entreprises payent effectivement une éco-taxe, ridicule d'ailleurs, mais elle est répercutée dans le prix de vente payé … bien sûr par le consommateur (pour l’électro-ménager cette éco-participation est d’ailleurs bien mieux mise en exergue sur l’affichage prix, ce qui peut avoir un effet pédagogique), les collectivités locales financent le traitement des déchets avec … les impôts du citoyen, du contribuable. Bref, c’est bien le citoyen, contribuable et consommateur qui paye.

Il faut rappeler ici quEco-Emballages est une société financée par les industriels et j’ai peur que dans cette campagne cet organisme n’ait parfois confondu sa mission "de mise en place des filières de recyclage et de la collecte sélective" (grâce à un agrément public) avec celle d’un lobby des producteurs et utilisateurs de l’emballage. Cette ambiguïté est d’ailleurs à l'image du fameux Point vert d’Eco-Emballages qui mériterait d’être passée au crible du faux préjugé. De nombreux consommateurs pensent en effet que ce logo, apposé sur un produit, signifie qu’il est recyclable alors que, nenni, en réalité il indique uniquement la participation financière de l’industriel à la filière globale du recyclage.

Publié dans une version initiale le 12 mars 2007 sur mon autre blog d'Economie matin.fr

04 mars 2007

Hue, Crinoline !

«Tout le monde a une montre et plus personne n’a de temps. Faites l’échange, donnez votre montre et prenez votre temps» Michel Serres.

Qui veut appliquer la maxime part une semaine en roulotte comme nous l’avons fait en famille, aux rennes de Crinoline, il y a déjà quelques années … Redonner du temps au temps. Respecter les forces de l’animal et son rythme que l’on a oublié car notre cheval mécanique ne connaît de halte que celle de la station-service quand la jument a besoin de souffler après une montée et de croquer une pomme pour se redonner du courage. S’adapter à la nature et au climat, voyager à la fraîche le matin, se reposer quand le soleil est au zénith.

La rencontre fait aussi partie du voyage comme celle du partage de la table de la ferme le soir à l’étape en se régalant d’un repas dont les ingrédients sont souvent issus de l’exploitation agricole.

C’est ainsi que nous avions découvert le Gers. Découvert le Gers, un bien grand mot car en fait après une semaine de nombreuses heures passées à guider Crinoline sur les chemins, dans les sous-bois, par monts et par vaux, il fallut bien se rendre à l’évidence : nous n’avions en fait parcouru qu’une boucle de quelques kilomètres autour de Sarrant, néanmoins sans jamais s’ennuyer, sans jamais se lasser, …

Le réchauffement climatique et la raréfaction à venir des énergies fossiles nous incitent à redécouvrir des destinations de voyage plus proches. Plus qu’une contrainte c’est une chance pour nous français qui avons, à portée de mains, une mosaïque incroyable de paysages, d’atmosphères et de cultures dont nombre de nos compatriotes, à commencer par moi, n’en connaissent qu’une infime partie. Allez hue Crinoline, repartons sur les chemins de France et de Navarre !

Billet publié initialement le 19 février dernier sur le blog du Tourisme Responsable lancé il y a peu par la SNCF.