02 novembre 2010

Blogueur citoyen ou influenceur rémunéré ?

«J'ai des clients qui seraient susceptibles d'être intéressés par de la diffusion d'articles promotionnels sur votre site » … Ce serait donc vrai que des annonceurs paient des blogueurs pour dire du bien d’eux moyennement rémunération ?

Allez,  je ne suis pas né de la dernière pluie et je ne découvre bien évidemment pas cette pratique aujourd’hui, mais je suis d’autant plus choqué que la pratique est désormais organisée, industrialisée mais surtout pro-active dans son recrutement de …  concepteur-rédacteurs ? … et complètement décomplexée !

Les Conditions Générales de Prestation de Service que propose l’une de ces officines, Buzzea, sont sans équivoques. Tout en précisant que ces conditions préservent l’indépendance des parties, elles précisent le principe de monétisation de la rédaction d’article sponsorisé qui répond à un brief de l’annonceur qui pourra d’ailleurs le refuser ou demander des modifications. Le bloggeur s’interdit de le publier avant sa validation par l’annonceur et par ailleurs cède tous les droits patrimoniaux en contrepartie de sa rémunération.

Jusqu’ici l’approche des annonceurs était plus subtile, on cherchait à obtenir la bonne grâce du bloggeur en lui envoyant des cadeaux ou des produits à tester, en l’invitant à des soirées privées, en flattant son égo en lui faisant miroiter de devenir l'élu de la blogosphère du concours Trucmuche (lire Pour partir avec JJ en Inde tappez 1) mais tout cela c’était du gagne petit, sûrement beaucoup trop d’énergie pour un résultat aléatoire. Aujourd’hui on fait dans l’efficace : « tu écris ce que je te demande, tu publie, allez fais pas ta chochotte, je paye, bordel ! ». 

Seul point positif dans le contrat en question le billet doit clairement indiquer la mention «billet sponsorisé».  Même si elle est peu connue cette indication est une obligation légale en France reprise depuis 2009 dans la Charte du Syntec RP et aux Etats-Unis par celle du Federal Trade Commission.

On dit les blogs en perte de vitesse ? …  Cette marchandisation du billet ne peut qu’affaiblir ce qui reste un des derniers rares espaces de liberté d’expression ; on peut publier sans frais son opinion, sa réflexion, son analyse et pourquoi pas ses états d’âme... une vraie bouffée d’oxygène (pour moi en tous cas). J’aurais ainsi peine à ternir ma tribune de journaliste citoyen en vendant mon indépendance et ma liberté de ton pour quelques dizaines d’euros.