30 décembre 2010

Aujourd’hui je l’ai fait …ou presque

Que de mépris de l’intelligentsia comme de l'aristocratie politique et économique dénigrant Cantona et son appel à vider les caisses des banques pour faire «péter le système». Même si Canto ne fait pas partie des petites gens et n’est pas exempt de contradictions, son idée triviale était simplement révolutionnaire car elle redonnait à la populace ;-) , fut-ce pour un jour, le pouvoir (de l’argent notamment) que la ploutocratie lui confisque depuis trop longtemps.

Alors en solidarité, j'ai fait le beau le 7 décembre dernier en allant vider … mon livret d’épargne. A défaut de faire péter le système, j’ai profité de l’occasion pour changer de crèmerie et choisir une banque plus conforme à mes valeurs en allant mettre mettre mes noisettes ailleurs ... au Crédit Coopératif.

D'ailleurs en passant, ladite banque ne semble pas pressée de s'occuper de mes éconocrocs ... une demande d’ouverture de compte sur internet restée sans réponse à ce jour, une visite dans une agence sans pouvoir rencontrer quelqu'un  "pas avant janvier monsieur" ... Ca se mérite une banque solidaire !

Rajout du 31/12/2010 : reçu depuis au courrier les documents d'ouverture de compte.

23 décembre 2010

Le Père Noël est une ordure

J’ai longtemps cru au Père Noël. Mais à l’aube de mes quarante ans j’ai compris la supercherie : réveillé une nuit de Noël, j’ai vu le livreur de la World Company quitter mon domicile et repartir dans son train rouge Coca-Cola.

J’ai depuis entrepris une cure de désintoxication qui prend du temps, imaginez : 40 ans de piquouses à l’Inutil et au Parêtre (non remboursé par la sécurité sociale)…

Il semblerait que mes séances de thérapie de groupe aux Acheteurs Compulsifs Anonymes aient porté leur fruit. Le gong (gang ?) de l’Avent a déjà retentit depuis plusieurs jours et j’ai beau tenter le diable et feuilleter frénétiquement la tonne de catalogue de cadeaux de Noël, rien n’y fait, pas de pulsion consumériste.

Oui mais dans ta liste de Noël, tu vas mettre quoi, alors ? Des patates ? Et pourquoi pas … Oui, je crois que j’apprécierais une pomme de terre que mon donateur aurait cultivée avec labeur et attention, une parmentière en robe des champs, un tubercule rescapé des doryphores, une patate biscornue qui sent l’humus et pas l’anti-germinatif … Joyeux Noël.

Photo non libre de droits © Anne-Lore Mesnage

Message personnel pour mes enfants : si vous n'avez pas planté de pommes de terre, un dessin ou un calin feront tout aussi bien l'affaire.

22 décembre 2010

Daniel et la quadrature du camembert


Dans le cadre de mon "autre métier" de Maître-Composteur, j'ai été amené à visiter l'entreprise adaptée* Emeraude Création, menuiserie de Lannion, qui fabrique notamment des bacs à compost mais aussi des récupérateurs d’eau. J'y ai fait une belle rencontre, celle de Daniel dont voici le portrait.

Prothésiste dentaire, Daniel a été victime à 26 ans d’un accident. Il aime utiliser la dérision et vous explique sérieusement qu’il ne lui reste plus que 30 % de neurones pour dire qu’il a parfois tout simplement besoin d’un peu de temps pour se concentrer . Mais Daniel a bien toute sa tête, c’est même parfois un peu un Géo Trouvetout.
Si Newton a trouvé la théorie de la gravitation en regardant tomber une pomme, Daniel a trouvé la solution de la quadrature du cercle en mangeant du camembert ! Emeraude n’avait pas trouvé de solutions pour la fabrication du couvercle de son récupérateur d’eau ; c’est en découpant des parts de camembert que Daniel a trouvé l’idée et pensé la méthode de production. Le principe : une rosace de triangles de bois issus de chutes coupées en deux, une idée aussi triviale que géniale doublée d’un principe de recyclage,  Daniel a également créé le gabarit type pour la découpe. Cette idée a été rapidement validée et mise en œuvre.
Emeraude, une entreprise de reconstruction
Après son accident Daniel a repris des études, s’est un temps cherché mais ce qui ne l’a jamais lâché c’est la pugnacité. Il a pratiquement « fait le siège» d’Emeraude pour y être embauché après y avoir fait un stage d’observation (EMT), « j’ai du montrer que j’étais motivé ». Cette motivation est toujours présente, « je fais mon maximum » même si les impératifs de rendement sont plus souples dans une entreprise adaptée, «et comme on a plus de temps, je soigne encore plus mon travail».  Et que dire de sa conscience professionnelle qui lui viendrait, dit-il, de ses antécédents familiaux :  il est issu d’une famille de maraichers qui avait  à cœur de proposer les meilleurs produits aux clients sur le marché  « Pour chaque commande que je fais, j’ai toujours à l’esprit le client qui va l’utiliser ».  Il est d’ailleurs conscient que sa forte exigence puisse agacer certains de ses collègues. Il est définitivement fier de son travail « Je vis pour l’entreprise, c’est super quand ça marche comme cela ».
Le soir Daniel rentre chez lui satisfait de la tâche accomplie et va faire ses 5 kilomètres de ballade quotidienne sur le GR34 avec ses chiens pour garder la forme et réfléchir …  à de nouvelles inventions ?... Il réfléchit à de nouvelles améliorations : des pointes plus longues pour une solidité accrue, il paraitrait qu’il en emmène à la maison pour en tester leurs points de faiblesse …
PS : si le renard pensait au Petit Prince  en voyant onduler les blés, vous penserez sûrement comme moi à Daniel en admirant les jolis reflets de la rosace du couvercle de son récupérateur d’eau…
* L’Entreprise Adaptée (ex. atelier protégé) est une entreprise à but social qui emploie durablement au minimum 80 % de salariés handicapés dans l’effectif de production, dans des conditions de travail adaptées à leur handicap.